1. "L'amour passion" dure le temps... de faire un enfant
Un cerveau amoureux se caractérise par une activité accrue des zones riches en récepteur de l’ocytocine. Cette hormone est produite en grande quantité pendant le baiser, au moment de l’orgasme ou lors de l’accouchement.Le cerveau de l'amoureux est donc très riche en ocytocine. Selon les neurobiologistes, il y a une raison à cela : l'ocytocine nous maintient dans un état illusoire, qui nous permet de ne pas voir les défauts de l’autre, et de créer, rapidement, un sentiment d’intimité avec lui… le temps de concevoir un enfant.
Lucy Vincent, neurobiologiste auteur de Petits arrangements avec l'amour écrit : "Tomber amoureux est de toute évidence sous le contrôle de processus programmés et de sensibilités qui sont bousculés sans volonté de notre part."
"L'amour passion", celui pendant lequel on ne voit pas les défauts de l'autre, est donc programmé par la nature pour favoriser le processus de reproduction et donc la préservation de l'espèce.
Mais la nature n'est pas très généreuse : "L’amour programmé dure trois ans. (…) Par rapport aux critères biologiques, l’amour des illusions s’arrête ici." D'ailleurs, dans l'environnement naturel, avant que l'homme fasse société, le retour au fonctionnement de base du cerveau (la disparition de l'ocytocine) signifiait la fin de l’histoire d’amour.
En réalité, il semble abusif de fixer une "limite" fixe à l'amour passion. Mais les neurobiologistes observent bien que les effets de l'ocytocine sur le cerveau diminuent au cours du temps. Il arrive un moment où cela ne fonctionne plus.
2. Après, c'est vous qui voyez !
Une fois les taux d’hormones revenus à la normale, le partenaire apparaît alors dans toutes ses imperfections. C’est ce que Lucy Vincent appelle le "réveil douloureux". Débute alors une nouvelle phase, celle des compromis :"Tout dépend de ce que l’on entend par 'amour'", souligne Yves Dalpé, psychologue et auteur de La puissance des amoureux de longue durée. Si on ne parle que des débuts, là où l’excitation est maximale, c’est évident que cela ne dure pas. Mais l’amour, c’est aussi le plaisir de voir l’autre, l’envie d’être ensemble, d’échanger, de se comprendre. Si l’on a eu du plaisir ensemble au tout début d’une relation, cela s’entretient au fil des années. Évidemment, il y aura des conflits et des déceptions de façon cyclique, au sein du couple. Mais si l’on dispose des ressources personnelles adéquates, on passe à travers, et le plaisir d’être avec l’autre perdure."Heureusement, il est conseillé d'être égoïste :
"Faire durer une histoire d’amour demande des efforts. Mais l’effort ne doit pas être permanent, et, surtout, nous devons en être les premiers bénéficiaires ! Il faut considérer que l'on est plus gagnant que perdant. Selon moi, rester longtemps en couple est un acte d’égoïsme. On reste parce qu’on se fait plaisir avant tout, pas pour faire plaisir à l’autre !".
3. La durée de l'amour est une question pour privilégiés
Pour Michèle Pagès, maître de conférences en sociologie à l’université d’Aix-Marseille et auteur de L’amour et ses histoires, une sociologie des récits de l’expérience amoureuse, cette question de la durée de l'amour (ou du couple) se pose en priorité dans les milieux sociaux aisés :"Le choix de rester en couple ou de se séparer si le sentiment n’existe plus n’est pas une règle commune. C’est oublier que les conceptions de l’amour, du couple, de la famille et leur expérience concrète restent le fruit des appartenances sociales et sexuées. Pour certains, la vie en couple est une question de survie…"
source: http://www.quoi.info